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Entourloupe météorologique matinale

Hier, l'appli météo annonçait de forts orages en début d'après-midi. Faites vos comptes, à environ 13 km/H, temps de pause inclus, il faut prévoir 6 heures pour achever les 76 km qui me séparent encore de Metz. Donc, il faut se lever à 5H30 pour pédaler vers 6H30, pour être vautré dans mon canapé à 13 heures.

Le réveil sonne et à 5H30, debout là dedans. Je regarde dehors, il pleut et on entend même de gros badaboums... Les orages sont déjà là, ou plutôt encore là. Moi qui me réjouissais de prendre mon petit-déj sur la table de pique-nique à coté du banc, en admirant le lever du soleil, c'était le plan prévu, mais pas la réalité.

J'hésite à me recoucher, mais en matière d'orage, on ne sait jamais à quelle saucée on va être mangé. Vers 7H00 cela semble s'estomper, alors zou, en route.

Et voilà que je n'ai pas fait un km et qu'il commence à pleuvoir, le plus drôle, c'est que 2 km plus à l'ouest fait beau.

J'enfile mon attirail de breton à pédales et je traverse ces étranges villages qui ont été reconstruits après la première guerre mondiale, et qui n'ont jamais vraiment repris vie.

Le pot d'Etain, ou le chocolat chaud rural le plus cher de France

Pendant 20 km, c'est cahin-caha : je n'ai cessé de m'habiller, de me déshabiller, pour mieux tout remettre. Belote et rebelote et on ne sait plus pas quel bout prendre les caprices du ciel. Mettre et démettre, se n'est toujours pas pédaler. Au bout d'un moment, je me lasse et alors qu'il commence à goutter, je me dis que cela va passer. Las, il tombe des cordes. J'enfile la panoplie complète, mais trop tard, je me prends la rincée dans les grandes largeurs. Je me remets sur le vélo, et hop, comme par magie, ça s'arrête...

C'est donc mouillé jusque dans les oreilles que j'entre dans le premier café que je croise, à Etain. Je commande un chocolat et le gars me demande 3€... Près d'Angers j'ai payé la même tasse 1,40 €, et je trouve la potée lorraine bien salée.

Dernières rencontres

J 37 - 7 juin - That's all folks

À une encablure de Conflans, une boucherie-charcuterie, dans un petit village. J'entre, et dis donc, le gars fait encore tout lui même. Tu entends même dans la pièce d'à coté les salariés qui débitent, tranchent, lardent, hachent... J'achète de quoi me faire un bon gros "briquet" et je vois pendouiller au plafond des jambons secs, des vrais. Tu regardes dans la vitrine réfrigérée et tu vois les copains des jambons secs du plafond qui te rient au nez. J'en prends 250 g, c'est qu'il faut commencer à remplir le frigo. Arrive le moment de payer, et je n'ai plus assez de monnaie, il me manque 50 cts. Le patron me dit : "C'est bon, c'est cadeau".

Alors que je me prépare directement devant le magasin un excellent sandwich, faut dire que toutes ces sacoches, ça te fait une super table de pique-nique, je tombe sur une tablette de chocolat belge que j'avais achetée en Wallonie. Je prends la tablette et rentre dans le magasin, pour l'offrir au patron en lui disant "C'est du bon et c'est cadeau". Le gars super content, appelle ses ouvriers et partage la tablette avec toute la fine équipe. Du coup, on m'offre le café et même un croissant, dernier survivant de la pause matinale.

On papote tranquillement et je dois reconnaitre que mon tout nouveau statut de pourfendeur de kilomètres à bicyclette provoque une certaine admiration. Comme dirait Guy : "c'est que je l'ai les mollets qui gonflent".

Plein d'entrain, je reprends mon biclou et poursuis mon chemin.

Dernière frontière

Après ce pont, c'est Conflans et ensuite je suis vraiment en terre connue. C'est un peu ma frontière à moi, qui marque la démarcation entre l'un, connu, "mon chez moi" où l'on a la joie de revoir et refaire, et l'autre, inconnu, terrain de toutes les découvertes.

Ici pas besoin de gardes-frontières, c'est un passage épris de liberté.

J 37 - 7 juin - That's all folks
Il fait beau comme à Gravelotte

Ben ça alors, il m'aura plu dessus, sur les cotés avec le vent, par le dessous à chaque passage dans une flaque, un peu partout pendant presque tout le voyage et arrivé ici, dans le symbole national de la pluie en bataille plus qu'en pagaille, regardez-moi ce ciel bleu.

J 37 - 7 juin - That's all folks
Petits plaisirs

Mon premier plaisir, c'est de ne pas m'en remettre à Google map qui pour aller à Metz, préconise, de prendre la grande route et du coup tu descends et tu remontes encore une fois. Naaaan, faut prendre tout droit par Ars, une super descente à 8% et ensuite c'est de la limande jusqu'à la maison.

Go, go, go, le gogo dévale à toute bringue la dernière côte avec des pointes à plus de 50 km/h.

Deuxième petit plaisir, à Ars, au PMU, une dernière fois, on refait les niveaux, un petit panaché et ça repart.

On traverse la Moselle et on entre dans les faubourgs de la ville de Metz.

J 37 - 7 juin - That's all folks
J 37 - 7 juin - That's all folks
J 37 - 7 juin - That's all folks
That's the end

Mais qu'est ce que je suis happy, comme un anniversaire dis-donc.

Ralalala, quelle aventure, entre la boue calamiteuse des bords de Saône, l'épisode de la réparation de la petite reine par le grand Steeve, l'attentat manqué au fromage contre l'autocar chinois, la diligence des desserts du Paray-le-Monial, les débordements du Gland, les serpents qui font bronzette sous les rayons de mes roues, ou encore ma tentative avortée de prendre le tunnel sous la manche, franchement, je n'aurai jamais pensé pouvoir vivre tout ça il y a 37 jours, en fermant la porte d'entrée de mon immeuble et en poussant d'un premier coup de pédale mon chèr vélo. 

Tout au long de ses 2400 km, que de beaux paysages, malgré la pluie, avec des moments de grâce, comme celui du parapluie arc-en-ciel ou du coucher de soleil normand, des moments où la simple vue touche ce qu'il y a de plus profond en vous. 

Que de rencontres, d'un simple sourire à la pension complète, j'aurai eu une palette de relations humaines des plus inspirante et vivifiante. Je suis nourri et enrichi de toute cette humanité partagée.

Encore un immense merci à mes ravitailleurs d'étape, Gaylord & Laetitia, Philippe & Hélène, Johan & Florence (vous penserez à me rendre mon casque ;-) ), Olivier & Gwenola and a special thanks for Nashin & Clive for our incredible invitation.

Enfin, merci à vous, lecteurs et lectrices du blog. Nous avons fais un sacré bout de chemin ensemble et je suis reconnaissant pour tous vos petits mots, traits d'humour, encouragements et autres attentions.

Tous ces petits mois qui vont ont dit à demain, tous les jours, ont vous dit aujourd'hui :"à très bientôt, pour un nouveau voyage."

D'ici-là, portez-vous bien et pédalez loin.

Michel

 

 

 

 

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