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Après tous les km d'hier, j'ai besoin de prendre mon temps. Il est bien plus de 10 h quand je me mets en route. Avant de partir je voulais refaire un petit tour en ville pour faire quelques photos, par ce qu'hier j'étais aussi crevé qu'enchanté. Sauf, que ce matin c'est jour de marché, et qu'il est bien difficile de prendre une photo. Tant pis, de toute façon j'ai le ventre plus gros que les yeux, donc me voilà en train de me faire une trilogie pain-charcutaille-frometon, mais avec un scénario belge. Faut reconnaître qu'ils ne font pas les choses à moitié dans le coin : le charcutier a carrément dû aménager un semi-remorque pour faire étalage de tout son savoir-faire. Ça rentre pas dans l'objectif tellement c'est énorme.

J 34 - 4 juin Avoir la frite au pays du maroilles
J 34 - 4 juin Avoir la frite au pays du maroilles
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Voyage dans le hinterland d'Anvers

Je me souviens d'un cours de géographie, mais je suis incapable de dire en quelle classe, où le prof nous a parlé du "hinterland" d'un port, en gros la zone d'influence où il écoule les marchandises qui transitent par ses quais. Encore un truc qui se résumait à une patate sur un fond de carte.

Mais aujourd'hui, je vois de visu le truc, car je ne cesse de croiser d'énormes péniches qui transportent containers, vrac et même des mini-pétroliers. Les canaux sont ici aussi larges que fréquentés.

Quand aux écluses, on est loin du gars qui pousse des portes en bois, c'est très impressionnant et les bâtiments ont une architecture typique des années 60, on se croirait dans un vieux James Bond où le Docteur No a bidouillé une nouvelle machine infernale.

J 34 - 4 juin Avoir la frite au pays du maroilles
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J 34 - 4 juin Avoir la frite au pays du maroilles
J 34 - 4 juin Avoir la frite au pays du maroilles
J 34 - 4 juin Avoir la frite au pays du maroilles

Passé simple et présent imparfait de l'ère industrielle

Le long du canal, il y des usines et plein d'entrepôts. Ce qui me marque le plus, c'est le nombre de tas de matières recyclées qui sont empilés un peu partout. Le contenu de toutes les bennes des décharges et déchèteries de Belgique sont stockées ici avant d'aller voguer vers une nouvelle vie, parfois à l'autre bout du monde.

On voit aussi des ruines qui temoignent des tous débuts de l'ère industrielles, et parfois le vieux et le un peu plus jeune se mêlent, dans un étrange mélange des genres.

Je ressens une certaine lassitude car le canal devient d'une langueur monotone qui annonce mon débarquement des quais pour regagner les terres.

J 34 - 4 juin Avoir la frite au pays du maroilles
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J 34 - 4 juin Avoir la frite au pays du maroilles

Bière et gauffre en pays minier

Des panneaux d'information pour les touristes installés le long du canal retracent l'histoire du "diamant noir". Ici, les veines de charbons affleurent la surface et l'exploitation a démarré dès le début du XVIIIème siècle.

Mais tout cela n'est plus qu'une vieille légende industrielle. À l'entrée d'Audregny il n'y guère plus que la déco du rond-point qui rappelle l'héritage minier.

Les mineurs avaient toujours soif et dès qu'on rentre dans le bled, un bar est ouvert. Je béquille la becane et j'ai la gorge sèche d'avoir vu toute cette flotte s'écouler doucement. Mais juste avant d'entrer, une petite affichette précise que c'est un local privé reservé aux membres de l'association des mineurs italiens. Demi-tour toute et on enfourche le biclou. Deux pâtés de maisons plus loin, voilà enfin un vrai troquet, pour sûr, il y a même une petite terrasse avec qqs tables et chaises. Je gare l'engin, mais l'estaminet s'avère être le local de l'amicale des mineurs turcs. Un client qui fumait en terrasse me dit que ce n'est pas un pb, il va tout de même vérifier ses affirmations auprès du président de l'association. Mais oui, je suis français, alors entre étrangers, il faut bien s'entraider.

Alors autant vous rassurer, l'amicale n'a rien d'un repaire de dangereux islamistes. On y joue au rami en tapotant bruyamment sur les piles de jetons. Il y a un stock de bières énorme, de quoi inonder la région de flots mousseux en cas de sécheresse, On me sert une Leffe, mais dans un verre, les habitués boivent à la canette.

Il y a une table de retraités, une autre avec des gars de mon âge. On m'accepte de bon cœur, mais je ne m'intègre pas vraiment dans le paysage.

Le barman a un grand cahier où il note de sa plus belle écriture les consommations de chaque habitué.

J 34 - 4 juin Avoir la frite au pays du maroilles

Ma bière éclusée, la soif étanchée je reprends mon périple et je m'arrête dans le bled d'après dans une brasserie qui vante en devanture, ses gaufres de Liège à toute heure. C'est qu'il faut alimenter la chaudière du cycliste qui tourne à plein régime.

On papote avec le patron qui me demande où je vais et d'où je viens. Je lui fais un rapide topo de mon périple et la première question qu'il me pose, c'est de savoir si je n'ai pas été agressé pendant le périple... Normal, le cafetier lit le journal tous les jours et la TV de l'établissement distille h24/7j son flux de nouvelles anxiogènes. Alors je lui raconte un peu, le gars est tellement surpris qu'il veut lui aussi participer à cette chaîne de bienveillance et m'offre le gadget publicitaire de la maison : un décapsuleur-stylo-lampe de poche-lime à ongle, avec les coordonnées de la brasserie sérigraphiées dessus. J'accepte de bon cœur, car c'est un élan de sincérité du gars.

Je mange ma gaufre et c'est avec la chaudière en mode digestion, que j'essaye, tant bien que mal, de faire avancer la machine et le bonhomme.

J 34 - 4 juin Avoir la frite au pays du maroilles

Frontière fleurie

Et hop, on repasse encore la frontière. Ici, il faudra penser à déposer un arrosoir devant la guérite, comme ça les réfugiés pourront arroser les fleurs en passant.

J 34 - 4 juin Avoir la frite au pays du maroilles

Coquillettes, maroilles et popotin

On avance tranquillou et on arrive dans des contrés un (ch'ti) peu plus vallonnés. C'est que je suis en plein pays du maroilles. Bon, c'est pas tout ça, mais il est 19h20, et je ne sais absolument pas où je vais dormir, comme tous les jours. Un petit coup de Booking.com et je réserve la seule chambre d'hôtes à des km à la ronde...

Arrivé dur place, j'hérite de la suite qui n'avait pas trouvé preneur, nickel-chrome. Pascal, le proprio m'offre même un morceau de flammiche.

Bref mon popotin a retrouvé ses coquillettes et elles sont maintenant gratinées au maroilles.

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Le bain moussant et moi, on vous dit :"à demain !"

L'étape du jour est partie à 11H de Tournai pour finir à 10 km de Maroilles vers 19h45, soit un peu plus de 90 km.

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