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Départ aux aurores, enfin presque

Me voilà dans le rythme de la famille où tout le monde se lève tôt... J'ai donc aujourd'hui une belle journée pleine d'avenir. Et me voilà sur la bécane, près à partir dès 8 heures. Dernière photo, derniers au revoir et voilà Juliette et sa correspondante allemande, Myriam, en route pour le collège avec Gwen en Uber de service pour ados attardeées.

J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !

Je reprends mes petites habitudes franchouillardes, avec un doublé charcuterie-boulangerie. À la boulangerie je trouve un "pain moulé" (chez moi, on appelle ça un "Kachtebrodt", qu'on pourrait traduire par "pain-caisse", à cause de sa forme rectangulaire). C'est une pâte à pain "normale", cuite dans un moule. C'est entre une baguette et le pain de mie. Ma mère préparait les casse-croûtes pour son mineur de mari avec. Sur la route, mon sandwich aura donc le bon goût du "briquet", car au fond, le casse-dalle porte simplement le nom du député du Nord qui a fait voter une loi qui instaurait 10mn de pause obligatoire par poste, premier acquis social de la profession. Donc, je vais me dépêcher de manger avant que Macron, Gataz et compagnie ne ne croquent ce sandwich qui se prend pour un acquis social.

Au passage, je prends en photo la brasserie Gantois, car je ne connaissais pas la marque de bière, mais j'ai longuement fréquenté la tréfilerie du même nom, qui m'a donné bien du fil à retordre. Considérez donc cette photo comme une private joke toute personnelle.

J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !

En Belgique, une fois

À mon premier passage à la frontière, qui est à une dizaine de km de Dunkerque seulement, je rigole car la guitoune de la douane a été reconvertie en magasin Léonidas. Chaque réfugié peut ainsi goûter un petit chocolat en passant.


Peu après la frontière, du haut d'un pont, on a une vue sur le plat pays que chantait Brel.

J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !

Le pays "fish & chips" pour cyclistes


C'est un pays que tout cycliste pourrait qualifier de fish&chips : c'est plat comme une limande et le vent, bien orienté pour le coup, te donne une de ses frites !

Bon, la platitude va cependant prendre quelques coups sur la calebasse quand on sera rendu au pays des sangliers. Mais ce n'est pas encore pour aujourd'hui. Gageons qu'Eole soit clément.

Première étape du jour à Furnes

Le premier bled est fort sympathique, avec une place peuplée de brasseries-salons de thé, selon l'heure du jour et l'humeur des clients.

L'architecture de la ville me donne cependant une impression bizarre, les formes sont anciennes mais les briques m'ont l'air presque neuves.

J'aurai la réponse à cette interrogation un peu plus loin, en croisant le premier cimetière militaire d'une longue série : la ville était toute proche de la ligne de front 14-18. Elle a été entièrement détruite et reconstruite, dans un style ancien, mais avec des matériaux du XXème siècle.

J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !

En route vers Ypres

Malgré l'absence de relief, les paysages sont jolis : il y a des canaux partout pour drainer les champs.

Mais bon, vous avez compris qu'au niveau météo rien ne change, mis à part le sens du vent qui est maintenant bien orienté. C'est toujours ça de pris.

Sinon, il est bien difficile de rendre compte de mes impressions avec l'objectif de mon téléphone.

C'est donc sous un pont que je fais ma pause briquet, au moins à l'abri de la pluie.

J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !

Géographie macabre du champ de bataille

Tous les soldats ont été enterrés dans des cimetières localisés au plus près du lieu des batailles. Je l'ai compris pendant la visite du musée d'Ypres. Du coup, on se rend compte que les affrontements se sont déroulés ici, directement autour de moi.

Devant l'un d'eux, je m'arrête et je commence à compter le nombre de tombes par rang, il y en a 50. Je compte ensuite le nombre de rangs, arrivé à 25, j'arrête. Je prends qqs instants pour me recueillir, simplement marquer mon respect. Je dois reconnaître une réelle tristesse face à ces alignements de vies fauchées. Le cimetière a l'air tout petit, mais il doit y avoir plus de 2000 tombes. Je passerais devant pas moins de 8 cimetières aujourd'hui, et ce n'est là qu'un tout petit échantillon.

Il y a eut 3 offensives majeures et les morts se comptent par centaines de milliers. Dans l'imaginaire national on parle de Verdun, mais pour les Anglais et les pays du Commonwealth, c'est Ypres qui est le symbole de cette horreur.

Ypres et son impressionnant musée

C'est un musée militaire dont j'ai apprécié la mise en scène, efficace et qui va à l'essentiel. J'ai retenu plein de choses, mais j'ai été marqué par une affichette manuscrite qui décrivait les protocoles de soins pour les gazés, dont on ne pouvait juste nettoyer les yeux et les plaies avec des solutions de bicarbonate de soude. Il y avait tous les dosages, selon les parties atteintes, avec une mention pour "femmes gazées", preuve qu'il n'y avait pas que des victimes masculines pendant cette guerre.

L'autre chose qui m'a marqué, c'est une vitrine qui contient quelques rares vestiges de la ville qui a été détruite à 100%, il ne reste pas un bâtiment d'avant 1914... La violence des combats a atteint ici des sommets. Comment est-ce possible de tout raser ainsi ?

J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !

Perdre le fil de l'eau le long du canal

Après Ypres, c'est donc en longeant les canaux que je gagne peu à peu Tournai. Mais que ce fut laborieux. Un premier detour juste après la frontière française : je pensais m'engager sur la voie verte, mais au bout de 3 km, je me suis rendu compte que je pédalais le long d'un bras mort. Arrivé au bout, demi-tour. Au passage j'en profite pour photographier l'étrange beffroi de la ville de Comine.

J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !

Dans la métropole lilloise, il y a un réseau de canaux impressionnants. Ils sont d'ailleurs très utilisés par plusieurs sites industriels dont matières et produits transitent par bateaux. Malgré le fléchage impeccable, j'ai loupé une intersection et me voilà en train de pédaler dans une machine à remonter le temps. Je remonte le long d'un bras du canal complètement à l'abandon. Nous sommes à quelques km du centre de Lille et c'est un îlot de verdure. Tous ces arbres masquent qu'imparfaitement le lourd passé industriel de ces rives. Murs, bâtiments en ruine, pont, témoignent de l'intense activité qui régnait ici.

J'imagine la vie qu'il devait y avoir le long de ces quais.

Il y a aussi toute la réalité sociale d'aujourd'hui, un groupe d'ados assis autour d'un banc, des squatters devant une usine qu'ils occupent. En les voyants de loin, je me méfie. Mais non, tout se passe bien.

J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
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Le canal que je suivais finit subitement sa course, sur le parking d'un centre commercial. Je recours au GPS de big brother pour retrouver l'euro véloroute 5. Je suis bon pour pédaler pendant 4 km. Me voilà à peine engagé dans le droit chemin, que je suis stoppé par un chantier sur les berges. Je dois faire demi-tour, revenir au dernier pont, changer de rive et improviser un itinéraire car il n'y a aucune déviation pour les cyclistes qui doivent donc se dépatouiller comme des grands.

En Belgique, deux fois

Finalement je m'y retrouve et c'est moi qui décide de quitter la berge pour couper direct vers Tournai, car le canal fait une boucle. Or il est déjà près de 20h, je suis en quête d'efficacité. Je prends donc une petite rue, au bout de laquelle je pénètre à nouveau en Belgique. Bref, je passe la frontière d'un changement de trottoir. Je remonte cette rue, dont le côté gauche est en France et l'autre en Belgique. C'est aussi comme ça dans le coin où j'ai grandi, à cheval entre la France et l'Allemagne.

Tous ceux qui croient que le retour des contrôles aux frontières c'est la solution pour arrêter le flux des réfugiés, ils se bercent d'illusions.

J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !

Ambiance Paris-Roubaix

Nos amis belges aiment les pavés, mais à vélo, sa secoue et pas qu'un peu ! Il y aura plusieurs secteurs pavés, dont tout le centre ville de Tournai

J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !

Tout droit et Tournai

Encore quelques km et me voilà à Tournai.

En arrivant par le canal, il y a cette étrange rempart médiéval qui devait prémunir la ville de toute intrusion par la rivière. Aujourd'hui, les énormes péniches passent cric-crac entre les arches.

La ville est magnifique, tout ne semble pas avoir été détruit pendant les dernières guerres. Il y a plein de bars et la vie nocturne bat son plein. Il y a une âme dans cette ville, je le sens.

Mais on verra tout ça demain, par ce que là, je dois avoir, au bas mot, 130 km dans les pattes. La vie nocturne attendra un peu et mon gros bâillement et moi, on vous dit :"à demain" !

Aujourd'hui, j'ai ralié Dunkerque-Tournai, via Furnes, Ypres et Roubaix. Avec mes erreurs de navigation, on doit être à 130km au compteur, le long de l'Yser, du Lys, de la Deule et de l'Escault.

J32 - 3 juin - En Belgique, une fois ?  Non, deux fois !
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